La vie des abeilles est fascinante et renferme encore de nombreux secrets. On s’émerveille à voir comment, avec leurs petits cerveaux, elles organisent leur monde, fait de rayons de soleil, de sons et de parfums. Les abeilles ont également une impressionnante capacité d’orientation et de communication, ce qui leur permet d’organiser leur travail d’équipe de la manière la plus efficace et de planifier leur parcours de vol en direction de sources de nourriture tel que des arbres en fleurs.

Le printemps avançant, les colonies d’abeilles explosent littéralement en nombre et se multiplient par 5 pour atteindre un maximum d’environ 50.000 individus. Près du tiers de ces abeilles profite de l’allongement des journées pour récolter du pollen et du nectar. Dans notre région, le Gros de Vaud en Suisse, les sources les plus riches en nectar apportant le miel le plus précoce sont le saule, les merisiers et les érables. Viennent ensuite les autres arbres fruitiers, le colza et des plantes sauvages tel que les pissenlits en fleurs.

Durant les mois d’avril à juin, la reine atteint son seuil maximum de pondaison, produisant plus de 2000 oeufs par jour, plus que son propre poids. La ruche se prépare alors à élever de nouvelles reines et à diviser sa colonie : l’essaimage est proche.

Lorsque les jeunes reines grandissent dans leurs alvéoles, la reine mère s’envole avec 10 000 à 30 000 abeilles à la recherche d’un nouveau nid. Toute personne qui a eu la chance d’être témoin de cet événement fascinant, lorsque le ciel est rempli d’abeilles volant paisiblement en émettant un son tempétueux, garde pour toujours le souvenir de cette démonstration d’énergie de vie et la sensation d’être témoin d’un énorme organisme sauvage se montrant au grand jour.

Après le solstice d’été, la ruche commence déjà à se préparer pour l’hiver. Le nombre de larves diminue doucement et les abeilles récoltent du nectar de tilleul, de châtaignier, de tournesol, de fleurs sauvages telles que les bleuets ou sucent les feuilles et épines des forêts (sapin, épicéa) pour récolter le sucre secrété par les insectes.

Avec les premières gelées en novembre, la reine cesse de pondre et la colonie se met au repos. Les abeilles se serrent entre elles pour rester au chaud en utilisant le moins d’énergie possible. Si vous collez votre oreille contre la paroi d’une ruche en hiver, vous pourrez entendre le son constant de la colonie qui provient des contractions musculaires des abeilles pour produire de la chaleur. Même lorsque dehors il fait moins 20 degrés, le centre de la ruche est maintenu à plus 20 degrés.

La vie des abeilles

Durant plusieurs millions d’années, les abeilles ont évolué en interaction avec leur environnement. Grâce à la force de leurs colonies, à leur pratique de l’essaimage et à leur flexibilité génétique, les abeilles sont capables de s’adapter à de nombreux défis tels que des températures extrêmes, un manque de nourriture, des maladies et des prédateurs. Du fait de leur nombre, les abeilles sont le pollinisateur principal de toutes les plantes à fleurs sauvages et cultivées. C’est pourquoi, le bénéfice économique de la pollinisation des abeilles est estimé à 500 millions de CHF par an rien que pour la Suisse, cela sans compter leur rôle pour la biodiversité grâce à la pollinisation des plantes sauvages.

Malheureusement, les êtres humains ont modifié l’environnement, et de manière de plus en plus extrême durant les 70 dernières années. La plupart des plantes sauvages ont disparu puisque nous avons décidé de vivre dans des paysages bien rangés où tout est, en théorie, optimisé pour la production de viande, de lait, de céréales,… Ces monocultures sont rendues possibles par un énorme investissement en fertilisants et en pesticides. Ces dernières années, les scientifiques ont constaté que 75% des insectes et des oiseaux de notre nature ont disparu. Il s’agit là d’une catastrophe écologique silencieuse, heureusement, de plus en plus de personnes prennent aujourd’hui conscience de ce problème.

La manque de pollen et de nectar propres rend les abeilles plus vulnérables face aux maladies ce qui cause la mort de nombreuses colonies chaque année. Dans un tel environnement, que ce soit dans les pâturages sur exploités ou en campagne, les abeilles ne peuvent plus survivre correctement en Suisse. C’est grâce au travail des apiculteurs, qui sont désormais obligés de nourrir les abeilles pour l’hiver, que les abeilles survivent encore dans notre pays et nous apportent la pollinisation de nos cultures ainsi que du miel et autres précieux produits de la ruche. Malgré leur apport pour l’agriculture et malgré leurs difficultés, les apiculteurs ne reçoivent pas de subventions agricoles. Les agriculteurs reçoivent quant à eux des points écologiques et des paiements lorsqu’ils ont des ruches sur leur exploitation.

Si vous voulez aider les abeilles et les écosystèmes, et vous-mêmes par conséquent, essayez d’acheter des aliments locaux venant de productions responsables, réduisez votre consommation de viande rouge (notamment) et de produits laitiers – 70% des terres agricoles Suisses sont utilisées de manière directe ou indirecte pour les vaches.

Si vous avez un jardin, plantez des fleurs produisant du pollen et du nectar plutôt que les nouvelles variétés de fleurs sans pollen au centre des pétales, vous pouvez également laisser un partie de votre jardin libre pour les plantes sauvages. Vous pourrez alors vous laisser enchanter par la vie qui revient au pas de votre porte !

Le travail d’apiculteur est à la fois physique, intense et poétique

Lorsque vous prenez soin des abeilles, vous pouvez sentir la pulsation des rythmes de la nature. Au début du printemps, il faut aider les colonies à s’adapter à une végétation qui s’éveille pour profiter de ses fleurs, tout en faisant face à une météo parfois difficile. En mai et juin, l’apiculteur doit inciter les abeilles à récolter du miel plutôt qu’à se diviser trop tôt en plusieurs colonies.

A l’image des longues journées des abeilles, l’apiculteur travaille lui aussi longuement. Il porte de lourdes ruches pleines de miel pour la récolte, déplace ses ruches en cas de besoin, accompagne les abeilles dans la création de nouvelles colonies et dans l’élevage de reines.

Comme dans notre région les mois de production de miel les plus fiables sont avril et mai, et qu’après juin les abeilles sont souvent affamées par manque de fleurs, il est important de faire en sorte d’avoir des colonies fortes et pouvant constituer des réserves de miel en profitant des arbres en fleurs, du colza et des centaines d’autres fleurs de printemps.

Durant cette période de travail intense, il est agréable de se reposer parfois près des ruches, d’écouter le son des abeilles, ces messagers d’amour pour les fleurs, de se baigner dans le parfum du nectar et du miel, ces rayons de soleil liquides qui changent de ruchent en ruche, de village en village et de saison en saison.

De l’été à l’hiver, l’apiculteur aide les abeilles à se préparer pour le long hiver en les nourrissant et en les traitant contre leur parasite le plus féroce: le varroa. La plupart des années, la quantité de miel que les abeilles sont capables de produire dans notre environnement dégradé par les monocultures ne serait pas suffisant pour survivre durant l’hiver, cela, sans même récolter de miel pour notre consommation.

C’est pourquoi, nous devons nourrir les abeilles avec envrion 20 litres de sirop de sucre en août et en septembre. Durant la même période, les ruches doivent être traitées contre le parasite asiatique varroa, qui tuerait sans cela 95% des ruches chaque année. Seul des acides organiques sont utilisés, ils ne contaminent pas le miel ni la cire.

Le varroa

Cela fait déjà 40 ans que le varroa s’est répandu chez nous et il est devenu plus violent 10 ans après ses débuts en Europe lorsqu’il s’est mis à transmettre des virus dangereux pour les abeilles. Depuis les années 2000, certains apiculteurs ont cessé de traiter les abeilles contre ce parasite, ce qui a permis, par sélection naturelle, de créer des abeilles résistantes au varroa.

J’ai récemment commencé à collaborer avec des programmes pour élever des abeilles résistantes en Suisse (buckfastimker.ch) et en Europe (aristabeeresearch.org) car je considère que ces programmes apportent une solution future au problème du varroa.

En tant qu’apiculteur, je suis également conscient que la pauvreté de notre environnement et les parasites ne sont pas les seuls problèmes : lorsque nous cherchons à obtenir une bonne récolte nous avons également un impact sur le stress et sur la résistance naturelle des abeilles. C’est pourquoi, je cherche continuellement à développer de nouvelles solutions qui permettent de respecter les besoins des abeilles et d’établir un travail collaboratif harmonieux avec elles.

Nous serons en vacances du 22 décembre au 15 janvier, merci!